jeudi 26 septembre 2013

GR 20 en 5 jours : 2ème journée.

"La communauté de l'anneau"

6h00 du matin ... 
Un bip, bip, bip, bip étrange me force à connecter deux malheureux neurones.
Qu'est ce que c'est que ce bordel ?
J'entrouvre péniblement une paupière.
Un brouillard épais m'entoure et j'ai grand peine à m'extraire des limbes profond de mon sommeil.

Bip, bip, bip, bip ... 

                                ... de nouveau.
Je dois faire un effort monstrueux pour connecter un troisième neurone, le brouillard se dissipe légèrement.
Quoi alors ? Serait-ce mon réveil qui m'interpelle ?
Je ne comprends pas ...

Il y a un instant, une minute même, voir quelques secondes, je fermais mes yeux pour m'évanouir dans un profond sommeil.  Quel est ce réveil qui sonne si prestement ?
Je prend d'une main fébrile l'objet qui résonne dans ma tête et dans la chambre ...

6h01, nan je ne peux pas le croire ! Je viens de m'endormir là, ce n'est pas possible ! Soit je suis tombé dans une faille temporelle, soit il y a une astuce, mais mon corps refuse de croire qu'il est temps de bouger.
Je jette un oeil à Nicolas, mon camarade de chambre, et apparemment (du moins pour lui) il est bien l'heure, puisque je le vois déjà en train de s'affairer autour de son sac.

6h02
6h03
6h04
6h05
6h06
6h07
6h08
6h09
6h10 ... les minutes passent, mon corps se refuse à tout mouvement.

J'émerge lentement et me remémore la journée d'hier. Je n'avais donc pas rêver : j'ai bien fait tout ces kilomètres, tout ce dénivelé, toute cette galère, et tout ces moments intenses avec mes amis sur le GR20 et si mes neurones sont maintenant plus ou moins tous opérationnels, je sais qu'il va falloir y retourner aujourd'hui. Quelques frissons d'effroi parcours mon corps tétanisé.

6h11
6h12
6h13
6h14
6h15 ... je regarde Nicolas, déjà habillé et en train d'avaler son petit déjeuner. Visiblement il me manque un module de démarrage rapide, il faut que je pense à regarder si je suis encore sous garantie (papa, maman, si vous lisez ces lignes...).

Bon, le plus dur est de faire un check-up rapide de l'athlète avant toute chose.
Vision périphérique ok, l'ouïe a l'air ok aussi ... bon début.
Je repousse les draps qui me recouvrent avec mes deux bras : le coude est sensible mais opérationnel à 95 %, donc ras à ce niveau là. L'instant critique arrive où il va falloir plier les jambes, les faire glisser le long du lit, les détendre et finalement y poser tout son poids dessus et là, mauvaise surprise :
Musculairement je me sens bien : quelques griffures encore le long des tibias, mais aucune courbature, contracture ou douleurs diverses ... par contre le genou ... pas bon.
Je reçois une décharge m'indiquant que mettre en tension ma jambe gauche ne sera pas chose aisée aujourd'hui. 
Je palpe la région douloureuse et m'aperçois que celle-ci est gonflée et plus chaude que le reste de ma jambe ... pas bon du tout ça.

Comme mon software "bouge toi le popo" n'a pas fini son installation, qu'il y a encore des mises à jours à downloader et que j'ai de la peine à réfléchir, je décide d'imiter mon coloc et d'avaler mon petit dèj :
Pain blanc cuit il y a au moins trois jours, confiture bas de gamme, jus d'orange en poudre hyper acide, bref la collation parfaite pour s'envoyer notre deuxième journée.
Voilà, ça c'est fait : entre le réveil matinal et le petit dèj pourri, me voici ronchon ... grgrrrrr

Pipi, lavage de dents, pliage du sac à dos et puis go, il est déjà l'heure d'y aller.

Bon, mais alors que je tente vainement de descendre les escaliers de l'hôtel normalement, mon genou gauche reste figé et la moindre flexion me fait souffrir ... je cogite et me résous à penser que continuer cette folie n'est pas la meilleure des idées.
Je me sens un peu perdu ... je voudrais m'arrêter, j'ai peur de nouveau retomber sur mon genou mais je sens que l'équipe qui m'entoure ne l'entendra pas de cette oreille, et comme je déteste me plaindre et faire mon Calimero, si je veux zapper cette journée, il va falloir ruser.

Julien !

Voici ma porte de sortie. Il était à l'agonie hier et malgré le fait de l'avoir sous-entendu qu'il pourrait éventuellement, peut-être mais à confirmer quand même car c'est pas sûr du tout et encore sous conditions, faire cette deuxième journée, je pense qu'en homme sensé qu'il est, il doit être bien au chaud sous sa couette à cette heure ci.
Je ne peux pas l'abandonner seul ici, nan, ça ne se fait pas ... décision prise avec mon genou gauche de glandouiller dans le coin aujourd'hui avec Julien et de voir par la suite ce que je peux faire, ou pas.

Ouf, me voici soulagé et content d'avoir trouvé une pirouette. C'est avec un certain aplomb que je retrouve toute l'équipe à 7h00 devant l'hôtel ... toute l'équipe sauf Julien.

Je m'inquiète donc :
- "Julien dort encore ? Putain, il doit être crevé avec la journée qu'on s'est envoyé hier."
Sandro  me refroidit avec seulement trois lettres :
- "Nan, il est parti il y a déjà près d'une demi-heure. Il a prit de l'avance : petit regain de forme, il veut s'arracher un peu pour au moins faire encore cette journée."

WTF ??!!!!!!
Un vent glacial souffle sur ma nuque ... je reste là planté dans mon slip, frappé par une stupeur terrible ... le monde vient de s'écrouler sous mes pieds.
Sandro en rajoute une couche, m'achevant sans aucune pitié pour un triste sort :
- "Bon, tout le monde est prêt ? Allez, c'est parti, on essaie de faire mieux qu'hier  !!"

Tout juste le temps de bafouiller un :
- "Euh, nan en fait ... eh bin .... je ..."
Que les trois fous furieux devant moi sont déjà en train d'attaquer cette deuxième journée.
- "Hey, je voulais vous dire que ... pffff ..." peine perdue. Qu'est-ce que je fais ? Je me roule par terre en pleurant bien fort ou je marche aussi ?

Je marche.
Dingue, l'effet de groupe est puissant quand même. Je traîne la jambe, j'ai mal au genou, mais je marche alors que 5 minutes avant j'étais incapable de descendre des escaliers.
Je pense aussi à Julien : quel moral, quelle volonté. Je suis mieux entraîné que lui et sûrement moins fatigué, et je rêve de rester dans cet hôtel alors que lui, ça fait déjà 30 minutes qu'il crapahute dans la caillasse ... à cogiter.

Bon l'air de rien, elle est lancée cette deuxième journée, alors je sors mon petit road-book de ma poche histoire de voir à quelle sauce je vais être mangé aujourd'hui :

Asco - Castel Vergio : 24km, 1'800 D+ et 1'800 D-


Trace GPS et détails ici

Ah ah ah, mais quoi alors !!! Tout ce ram-dam pour un petit malheureux 24 kilomètres ... mais quel bouffon je fais, mdr !

Bon, c'est parti alors, même avec un genou en vrac, ça devrait le faire cette journée.

Julien est donc environ 30 minutes devant et les trois furieux que sont Sandro, Daniel et Nicolas attaquent fort cette première montée. Pour ma part, j'entame tranquillement ce départ parce que mon genou gauche est vraiment très douloureux, je laisse donc filer tout ce beau monde. Cependant cette douleur est finalement plus gênante, qu'handicapante ... me voici plus ou moins rassuré, faut juste que je fasse attention à ne pas retomber dessus.
Bref, le soleil est de la partie, le départ de cette montée le long d'une ancienne piste de ski, assez bucolique et le paysage toujours aussi magnifique : avec le lever du soleil, la roche prend des teintes jaune-orangées de toute beauté.




Malgré toutes les réticences que je pouvais avoir au réveil, plus j'avance et plus je me sens bien ce matin. Une fois que la machine est chaude, je ne sens presque plus mon genou et je peux commencer à accélérer un peu. Je reviens facilement sur le trio devant moi et avec désormais Julien en ligne de mire, le moral est du même acabit que la météo ... je ne suis pas mécontent de ne plus voir les nuages d'hier.

Ça grimpe, debleu !

Les 800 mètres de dénivelé sont assez vite avalés, petite photo du groupe dans l'effort :

Aahhh, on le voit bien le marquage là !!

Premier sommet de la journée atteint en compagnie de Julien qui, jusqu'à présent, tient encore pas trop mal le coup.

Julien

Seulement voilà, se dresse devant nous le cirque de la solitude et la vue est réellement impressionnante. Si vous vous souvenez du profil de la journée. il va falloir descendre la pente devant nous et remonter en face pour passer le col.
Oui, mais cette descente (et idem pour la montée) est assez vertigineuse. Elle se fait grâce à de nombreuses chaînes qui pendent le long de la roche pour pouvoir passer des ressauts de 2-3 mètres.
Bref, je suis ravi et mis à part Nicolas, je peux voir quelques gouttes de sueur perler sur le front de Sandro, Julien et Daniel.
Je me fais donc la descente en compagnie de Sandro, Julien et Nicolas reforment leur tandem tandis que Daniel tentera de porter assistance à une jolie demoiselle, qui visiblement n'en avait pas spécialement besoin ^.^

Wow

Bref, on y va tranquillement ...






Les dalles sont encore un peu humide et ça glisse un peu, du coup, on avance pas toujours dans les règles de l'art et les glissades sur les fesses deviennent courantes ... heureusement que le sac à dos est là pour amortir un peu.
Une fois en bas, le spectacle est saisissant et il devient facile de deviner pourquoi cet endroit est nommé le  "cirque de la solitude".

Vue de notre descente depuis le fond...

La montagne nous encercle, nous oppresse. Des falaises acérées se dressent devant nous, nous ôtant toute porte de sortie.
Je n'ai jamais autant eu la sensation d'être "au fond du trou" et le sentiment d'être une toute petite chose face à l'immensité est prenante. Je mesure à ce moment là la fragilité de mon pauvre corps ainsi que la puissance et la force que peut dégager cette montagne.
Je regarde Sandro, et en un instant, un regard on a compris ... la même sensation nous parcours et le sentiment diffus qui nous avait effleuré hier prend tout son sens aujourd'hui :

Nous sommes dans le Mordor !!!

Le Mordor de la solitude !

Regardez bien ces quelques clichés de la journée d'hier et ceux aussi d'aujourd'hui, je suis certain que vous aurez vous aussi cette sensation d'être dans le film de Peter Jackson, perdu au fin fond de la Terre du Milieu à la recherche de votre "précieuuuuuuux".





Vous êtes dans le Mordor, j'en suis sûr.
En tout cas, nous on y était bien à ce moment là et avec Sandro on se tape un petit délire.
Quelques brides de l'enfance qui resurgissent l'espace d'un instant, comme quand on jouait aux gendarmes et aux voleurs, au shérif et aux indiens ... on s'invente des rôles.

L'analogie n'est pas immédiate, mais je suis certain qu'avec votre regard d'enfant et quelques photos, vous aussi allez intégrer la communauté de l'anneau. Donc nous avons le décor principal, le Mordor, ne manque plus que les personnages :

Dans le rôle de Frodon nous avons Julien qui nous fait la quête de l'anneau, anneau qui lui donnerait puissance et endurance afin de pouvoir suivre le rythme endiablé de notre communauté. De plus, il paraîtrait qu'il serait à la recherche d'un réel anneau très prochainement pour une belle demoiselle ... rôle parfait pour Julien donc.

Nicolas ne ferait pas une doublure parfaite pour Gimli ? Plus de 12 kilos sur le dos et le gars vous avale la moindre montée tel un chamois, tout en légèreté et en puissance, impressionnant !

Sandro endosserait lui le rôle d'Aragorn, le guerrier qui ne lâche rien, prêt à dégainer son épée ou ses bâtons (au choix) et qui nous guide dans cette quête pour traverser le Mordor afin de trouver le repos à Porto-Vecchio. 

Daniel, même regard perçant que Gandalf. C'est le sage de l'expédition, celui qui a l'expérience, qui sait lire la montagne, parler aux arbres et dialoguer avec les nuages.

Reste moi-même qui tout naturellement opterait pour le rôle de Legolas. L'elfe blondinet qui tire des flèches à la douzaine (rapport avec mon nom de famille).

Donc voilà, le décor est planté. le casting booké, reste plus qu'à nous laisser pousser les cheveux et se taper encore trois grosses journées pour que notre communauté atteigne son but. 
Bon, ça délire grave sous la casquette, peut-être le manque d'oxygène (?), mais on n'avance pas beaucoup à se raconter des conneries.
Nous atteignons donc le fond du cirque de la solitude tout en se remémorant le film, il ne nous reste plus qu'à grimper en face.

Nous croisons à ce moment pas mal de randonneurs qui font eux le chemin inverse, et comme il faut monter, ou descendre, toujours avec les chaînes, la cohabitation entre randonneurs et traileurs (ou gars méga pressé) est quelque fois source de tension.
On fait un peu peur à ces personnes qui galèrent avec une trentaine de kilos sur le dos et comme nous ne sommes pas toujours super conciliant avec le fait que Madame, avec son strapping, son méga sac à dos, ses bâtons dans les mains et sa sensibilité au vertige mette dix bonnes minutes à passer le bloc devant nous, nous avons tendance à "bousculer" ce petit monde.

Donc ni une, ni deux, on les laisse faire, nous on fait le tour et on escalade comme des fous furieux la face devant nous. On entend râler un peu mais on ne gène personne et au moins on peut avancer ... jusqu'au moment où l'un d'entre nous fait partir un joli bloc.

A peine le temps de crier : "PIERRE !!! PIERRE !!!" que celle-ci s'explose à quelques mètres de Nicolas. 
Grosse frayeur.
Des regards noirs fusent de toutes part. Bon, ok, on va être un peu plus prudent pour la suite de la montée avant de se recevoir des coups de bâtons.
Les randonneurs ont compris aussi, donc ils nous laissent passer (petit bonjour de circonstance) et on attaque de plus belle notre grimpette, la voie étant désormais dégagée.



Total look pour  Nicolas : orange touch sur baskets, short, manchettes, sac à dos ...

Gimli toujours en vie :)

Nicolas et Sandro sont super à l'aise dans cette partie et donnent le rythme.

Admirez toute la détermination dans le regard ...

... on ne lâche rien (surtout pas maintenant en plus!).

Aragorn, notre guide :)


Quant au photographe (Daniel) et moi-même, nous suivons les deux rigolos devant nous pour enfin terminer cette traversée épique de ce cirque de la solitude.
En attendant Julien qui arrive, on profite des premiers rayons de soleil de la journée pour se réchauffer et faire une petite photo au sommet du col.


Les 4 fantastiques.

Une fois récupéré Julien, on s'active un peu dans la descente pour arriver sur le Refuge de Tighjettu. Il n'est pas encore midi, mais comme l'étape d'aujourd'hui n'est pas très longue, on a le temps de faire un petit stop d'environ trente minutes histoire de se restaurer un peu.
Et puis moi ça me va bien parce que le petit coup de fringale d'hier m'avait laissé dans un drôle d'état quand même.

On arrive donc au refuge. Je tente désespérément de passer un appel à Pizza Hut pour une commande hyper urgente style : un menu extra double maxi large XXXL avec triple supplément de gras en tout genre, mais visiblement, je n'ai pas de réseau ... les boules !


Je fais donc dans le sobre avec une soupe et un sandwich que je mettrais dans ma poche (le sandwich hein, pas la soupe) pour plus tard (et au cas où je croise un ours, on ne sait jamais).
Par contre c'est avec horreur et stupéfaction que je vois mes compères manger  ... je ne peux pas l'écrire, je vous laisse découvrir la photo par vous même :

Grossebouffe à faim !

OUI !!! Une omelette, vous avez bien vu !

Nan mais incroyable cette histoire ! Après ma déconvenue d'hier avec ce plat, je ne pensais plus revoir une omelette d'ici au moins 10'000 ans.
Ou alors on me nargue, ou bien on veut me faire passer un message ... genre, nous on peut et pas toi nanananèreuh.
Mais enfin, moi je dis que certains cherchent les problèmes quand même ! Quelle bande de fous !

Bon, j'avais dans l'idée de me faire une petite sieste pour digérer, mais le G.O a répondu Go, Go, Go !!!
On repart donc sur les chapeaux de roues, oubliant au passage Nicolas qui tapait la discussion avec le gardien du Refuge. Il faudra qu'il mette le turbo pour nous rejoindre ... ah ah ah.

Fin de la descente, on se retrouve pour la première fois depuis le départ de cette aventure dans les bois. Pas de caillasse, de pierres ni même de dalles ... juste un petit single track en terre bien meuble pour que les traileurs puissent courir, enfin.
Rhhaaa, comme ça me fait plaisir de voir ce petit sentier là, s'offrir à ma foulée encore légère.
J'allonge donc le pas et commence à courir, d'abord tranquillement puis de plus en plus vite. C'est tellement bon de faire tourner les jambes, d'oublier le terrain et de se concentrer sur soi-même et sur l'effort demandé pour accélérer encore et encore.

Mince, ça fait presque 10 minutes que j'envoie un peu dans cette partie et je me rends compte que j'ai peut-être surestimé la capacité ou la volonté du groupe à vouloir courir aussi. Je jette un oeil par dessus l'épaule et je m'aperçois que tout le monde est là, même Julien,  à courir comme des demeurés et avec la banane s'il vous plaît ... c'est cool, on est vraiment tous dans le même délire :)

Alors comme c'est bon, j'en remet une couche, encore et encore ... je flirte avec la zone rouge et je commence à sentir que je vais payer plus tard mon excès d'optimisme.
Qu'importe, je suis dans le flow et je veux courir jusqu'à ce que la pente m'arrête, ce qui ne saurait tarder.

J'attaque donc la dernière difficulté de la journée avec les pulsations qui tapent dans les tympans, la respiration digne d'un Dark Vador et les jambes en feu.
Il n'y a plus personne derrière moi, mais je sais qu'ils ne mettront pas longtemps à me reprendre dans la montée, je suis cuit, youpi !!

Daniel et Sandro me rattrapent donc rapidement.


Visiblement, on ne va pas au même endroit ?

Je n'essaie même pas de prendre la roue, je laisse les deux costauds faire la montée. Je trouve mon rythme et profite de quelques ruisseaux pour me rafraîchir.


Je termine cette montée, rejoins par Nicolas, un peu dans le dur ... voilà ce que c'est que de ne pas savoir doser son effort et de faire le kékou dans les single track.


En attendant Julien, qui aurait littéralement explosé dans la montée, on se termine les sandwiches de midi, ça passe toujours mieux que les barres de céréales que je commence déjà à ne plus voir.



A ce moment deux options s'offrent à nous : soit le passage par les crêtes puis grosse descente, soit descendre directement, les deux chemins se rejoignant avant la vallée.
Je vois que Daniel, Sandro et Nicolas ont des fourmis dans les jambes. Je leur conseille donc de se faire ensemble les crêtes à donf, pendant ce temps j'attendrais Julien.
On se fera nous la descente directement (tranquillement) et on se retrouvera tous un peu plus bas.
Je laisse donc filer les excités de la grimpette pendant que je récupère Julien dans un état ... comment dire ... je pense qu'à ce moment il a donné tout ce qu'il pouvait donner, sûr qu'il est au bout du bout du bout.

Comme notre chemin est beaucoup plus court, on se fait la descente vraiment pépère, en voyant de temps à autres trois silhouettes courir sur les crêtes (c'est beau ... ).
Pour la deuxième fois de la journée, le sentier est des plus agréables : pas de cailloux en vrac pour se tordre les chevilles mais plutôt un joli gazon presque digne d'un terrain de golf. Mes chevilles et mes genoux adorent, c'est méga agréable de descendre dans du moelleux :)


Et comme on a pas mal d'avance sur les trois autres, on profite du paysage, on se rafraîchit et on se désaltère histoire de reprendre un peu de force.


A la croisée des chemins, Julien décide de filer seul et de prendre un maximum d'avance ... on le rattrapera bien assez vite. Moi je reste au carrefour histoire que tout le monde soit sûr qu'on soit tous sur le bon chemin, d'ailleurs Sandro et Cie ne tardent pas à venir et c'est avec un certain entrain qu'on se lance dans la fin de cette descente.
Le parcours n'étant pas trop technique, on peut se permettre à nouveau de lâcher les chevaux ... hiha :)

Les nombreux ruisseaux forment maintenant une rivière et comme nous sommes assez tranquille niveau timing aujourd'hui, on en profite pour refroidir les pieds et les articulations déjà passablement endolories :

Ne buvez plus l'eau du ruisseau maintenant !

Mes cuisses de grenouilles ^.^

Et comme visiblement le thème du jour est : "Cinq touristes en Corse", on profite d'une jolie bergerie pour prendre notre goûter. On est toujours accueilli à la Corse, c'est à dire avec une mitraillette dans le regard pour vous remercier de votre commande et de votre passage dans ces lieux reculés.

Refuge du goûter ?

Allez, il est l'heure de repartir, l'écurie n'est plus très loin désormais, environ une heure de course et c'est une bonne douche bien chaude méritée.
La fin du parcours est de nouveau sur un single track, alors je profite de nouveau de pouvoir courir en compagnie de Sandro sur un bon rythme de croisière histoire de garder un peu de jus pour demain, car à ce moment là, on commence déjà à se projeter.

Fin de l'étape et arrivée à Castel Vergio à 17h00 au terme de 10 heures d'effort. Au cumul pour l'instant, les statistiques donnent ceci :

55 kilomètres
5'100 D+
4'000 D-
23 heures de course.

Et alors que j'étais bien cuit hier, aujourd'hui et ce soir, les sensations sont plutôt bonnes. Mon genou gauche est toujours enflé mais une fois chaud, la douleur est gérable pour courir.
Mon sac à dos, que je ne supportais déjà plus au bout de la première journée, se l'est joué profil bas au cours de ces 24 kilomètres ... bref, tout est plutôt ok pour moi et me voici un peu rassuré. Ce n'est pas encore gagné, loin de là, mais je suis bien plus positif qu'hier soir ou ce matin même.

Une fois à l'hôtel, on attaque désormais le rituel : lavage des affaires, nettoyage sous une eau à 90°C de l'athlète et préparation du sac pour le lendemain ... on commence à être rodé.

Sinon, la mauvais nouvelle, c'est l'abandon (prévu) de Julien. On est tous fier de l'avoir vu aujourd'hui, mais force est de constater qu'il va terminer sa quête de l'anneau dans les bijouteries de Porto Vecchio. C'est un coup rude pour notre communauté car ce n'est pas agréable de voir un copain rester sur le bord du chemin.
Deuxième mauvaise nouvelle, ce sont les premières indiscrétions qui sortent sur la journée de demain. J'ai entendu des bruits de couloir faisant état de "truc de fou", "étape de mutant" voir même "journée de la mort" ... tant qu'on ne se tape pas un temps de cochon, moi, pour l'instant ça me va.

Groin ?


La bonne nouvelle, c'est que si on perd Julien, on récupère Thierry qui vient tout juste d'arriver (et avec l'apéro s'il vous plaît). Un petit contre-temps ne lui a pas permis de faire les deux premières journées avec nous, mais sa fraîcheur, son optimisme et sa bonne humeur seront un atout non négligeable pour le reste du parcours ... voici une recrue de premier choix !

Fin de l'apéro, resto, un suppo et au dodo, le départ est prévu demain à ... 4h30, pas glop.
Je me couche et comme hier soir : coma illico. Apparement ce n'est pas le cas de Sandro, avec qui je partage la chambre ce soir, que j'entends tourner et retourner dans son lit. Visiblement au réveil, il n'aura dormi que quelques heures, tout occupé qu'il est à planifier la journée de demain.

J'entrouvre un oeil, et j'entends vaguement un : "ça va être un truc de malade" ... mon oeil se referme et mon cerveau tente vainement de comprendre ce message subliminal.
Mais venant de la bouche de Sandro, ce n'est pas une indication à prendre à la légère ... loin de là ! Dans mon lit, j'en transpire déjà ...

Historique :
     Deuxième journée : Asco - Castel Vergio.

5 commentaires:

  1. purée, tes CR sont tellement passionnants, on s'y croirait vraiment! j'imagine bien le délire avec la communauté de l'Anneau, j'adore ce film et les photos avec les personnages sont trop excellentes ;-)
    bon... mais pour Legolas... va falloir te laisser pousser les cheveux maintenant lol
    Michèle

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    1. Encore un super compliment de Michèle, que demander de plus ? Je suis content de voir que tu as autant de plaisir à lire que j'en ai à écrire ;-)
      @+

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  2. Vite la suite! On attend la 3ème journée... puis nous aurons peut-être la joie d'avoir le CR du TARé. Parce que tes CR, ils valent bien des GR, c'est à dire des Grands Récits.

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    1. Vu la journée que j'ai vécue sur ce TAR, je pense que son CR devrait devancer celui des 3 derniers GR ... j'ai du boulot, mais tant que j'ai des compliments comme les tiens, ça vaut le coup ;-) Merci Ben

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  3. A quand la suite ??? On attend ! On salive... On n'en peut plus !

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