mercredi 18 septembre 2013

GR 20 en 5 jours : 1ère journée.

"La variante Genevoise"

Nous y voici enfin à cette date du 30 août 2013. Des mois d'entraînements, des jours entiers à cogiter sur le matos, des heures et des heures passées sur le net à glaner la moindre info, le moindre indice pouvant rendre cette aventure moins aventureuse ... mais nous y voici donc,enfin ! Six valeureux gaillards prêt à affronter ce monstrueux GR20 en 5 jours.

Tout ça ?

L'arrivée s'est faite la veille par Ajaccio, et en remontant le long de la côte sur Calvi, nous avons eu droit déjà à de nombreux paysages magnifiques, dont certains archi connu :

Romantique la Corse !




Le paysage est certes magnifique, mais je n'ai pas la tête à faire du tourisme, ni à pavoiser devant certaines criques enchanteresques : sable blanc, mer turquoise ... très peu pour moi cette fois-ci. Nan, mon regard est déjà plongé dans l'immensité de la montagne qui s'impose devant nous.
J'ai juste envie d'y aller, d'être dans le vif du sujet ... nothing else.


Vas-y, je la retiens ^.^


J'arrive donc à Calenzana, village du départ du GR20, avec des fourmis dans les jambes. Repérage du chemin du départ, petit resto vite fait puis direction le Gîte Municipal pour une courte nuit.
Mais avant d'aller au dodo, il faut faire son sac : Est-ce que je mets mon pull au fond au pas ? Et puis ça je vais en avoir besoin ? Et ça aussi je le range où ? Bref, les psycho-paranos que nous sommes font et refont leurs sacs des dizaines de fois.
Il est d'ailleurs assez étrange de s'apercevoir que pour les même contraintes, le poids des sacs ne sont pas les mêmes:
Dans la version minimaliste, nous avons Daniel avec une pesée évoluant entre 5 et 6 kilos. A l'opposée, Nicolas avec 12 kilos facile est sûr de n'avoir rien oublié, mais bon, je pense qu'il risque de payer sa générosité à remplir à raz-bord son sac de 30 litres .Sandro, Julien et moi avons consciencieusement  et méticuleusement "bourré" au maximum notre sac de 22 litres pour ne pas avoir plus de 9 kilos à trimballer.
C'est bien simple, dans le mien, je n'ai même pas la place pour y loger un cure-dent, c'est dire si j'ai optimisé à mort.
Bref, les sacs sont prêt, yapluka dormir, ce qui ne sera pas chose aisée vu que nous sommes cernés par les ronfleurs ... un classique en gîte. S'il n'y avait pas de ronfleurs, ce ne serait pas un VRAI gîte.
D'ailleurs, il y a comme une légende à perpétuer à propos de ces gîtes et refuges. Légende tenace mais néanmoins réelle où tout établissement portant ce nom doit répondre à une charte de qualité stricte:

- Ronfleur : quota minimum, un  randonneur sur trois (j'ai dit minimum !)
- Voisin qui pue des pieds (voir de n'importe quel autre orifice...) : là le quota passe à 9 putois pour 10 dormeurs (de là à faire le raccourci que je suis le 10ème dormeur, donc celui qui ne pue pas, il n'y a qu'un pas que je vous laisse faire ... bah oui, je ne vous avais pas dit que j'étais une princesse ?)
- Gars qui, à 2 heures du mat,cherche son réveil rangé dans un sac plastique : 1 par chambre.
- Et celui qui lit le mode d'emploi de sa frontale (allumée bien sûr) pour savoir comment l'éteindre : 1 par chambre aussi (mais ce n'est pas le même que celui qui cherche son réveil !)
- Je vous fais grâce de ceux qui ont besoin de faire pipi, boire une verre d'eau, trouver leur doudou ...

Bref, le gîte de Calenzana a rempli haut la main toutes les conditions requises pour offrir à ses occupants une nuit brève et courte, youpi tralala !

Donc,
5h00 réveil,
5h30 petit dèj,
5h59 pipi de la peur,
6h00 départ à la frontale en mode "éclaire moi mes petits pieds" et c'est parti pour l'aventure, enfin !!!

Bon alors, qu'y a-t-il au menu pour cette première journée ?

Calenzana - Asco : 31km, 3'300 D+ et 2'200 D-


Trace GPS et détails ici


Une grooooooosse montée, suivie d'une bonne descente, petit plat puis remontée/descente ... bref, pas de quoi casser une patte à mon cheval.

Allez, il est temps d'y aller et c'est avec une certaine excitation et une grosse motivation que nous effectuons nos premiers pas sur le chemin. Petite photo de circonstance histoire de garder une trace et une preuve de notre passage au panneau départ et puis let's go.

Daniel, Nicolas et Julien
Sandro, Nicolas, Un ahuri mal réveillé et Julien


Vous avez bien repéré le marquage Blanc et Rouge du GR20 ?



Il fait encore nuit, donc la première demi-heure de marche se fait à la frontale et sur un rythme plutôt ... engagé. On dirait qu'il y a encore plus motivé que moi et au bout de quelques instants déjà les écarts se creusent dans le groupe.
Le temps de faire une ou deux photos et déjà je vois mes copains s'éloigner. Pas grave, je les rattrape à l'occasion d'un replat où je peux courir un peu, mais ça ne fait pas semblant : Sandro a son plan de marche et pas question de ne pas respecter le tracé et encore moins les temps de passage.


Traileurs ou randonneurs ?

D'ailleurs, c'est étrange, mais depuis quelques minutes, je ne vois plus le fameux marquage qui indique le chemin du GR20.
Je ne suis pas le seul à m'inquiéter, mais nous sommes lancés et rien ne nous arrêtera, le mot d'ordre c'est : Go, Go, Go !!!
Bon, mais quand même : une fois atteint le sommet de notre petite colline, le doute se fait de plus en plus pesant. On organise alors une séance de brainstorming sur le thème :

-" Nous sommes perdus. Où sommes-nous ? Qui sait lire une carte ?"

Euhhhh ....

Après une dizaine de minutes de palabres en tout genre, le seul truc sensé qui soit sorti de notre remue-méninge c'est que, effectivement, nous sommes perdus et, on en est presque complètement sûr, le soleil se lève à l'Est. Pour le reste, deux tendances tiennent la corde :

1/ On fait demi-tour jusqu'à retrouver le marquage et reprendre le bon chemin.

2/ On coupe à travers champs pour retrouver notre route qui devrait se trouver à un peu moins de 500m à vol d'oiseau, du moins, c'est ce que m'indique mon GPS puisque, je dois bien l'avouer, cette idée lumineuse vient de moi ^.^
Sur le coup je suis assez fier : j'explique à mes camarades nombres de fois où je me suis perdu en trail ou bien en VTT et où, grâce à mon GPS, j'avais pu retrouver le chemin de la maison (après des heures et des heures de galères en forêt, mais ça, je ne pouvais pas le leur dire).
Donc je me montre assez persuasif avec ma technologie embarquée et voilà que je file tout droit dans le maquis pour retrouver notre chemin.
500 mètres, même dans le maquis Corse, en 10 minutes l'affaire sera entendue.

Au bout de 30 minutes, j'entends déjà quelques grognements dans mon dos, mais j'en fait fi ... reste 200, voir 300 mètres maximum, ce n'est pas quelques ronces qui vont nous arrêter nan ?

Je veux une machette !!

Bon ok, une heure dans le maquis à galèrer, à se frayer un chemin à travers les buissons, ronces et d'un tas d'autres trucs griffant pas sympa, c'est long ... mais bon, on y est presque là, quoi, c'est l'histoire encore d'une grosse centaine de mètres et puis on y est quoi . Je sens quand même poindre une légère exaspération derrière moi, portant seul, désormais, les valeurs de l'optimisme.


1h15 de galère, la révolte gronde et l'ambiance devient électrique. J'ai beau expliquer que ça fait partie de l'aventure et qu'on en rigolera plus tard, là sur le moment le petit détour à du mal à passer ...
"Mais puisque je vous dit qu'on y est là, maintenant, oui, là, juste derrière la petite colline, là..."

Regarde moi bien dans les yeux : il est où le chemin ???!!

Je vous épargne les détails, mais effectivement, et j'avais bien raison, le chemin s'offre enfin de nouveau à nous et avec un joli marquage bien visible. Bon, ce n'était pas la mer à boire quand même, 1h30 dans le maquis ... ok, 1h30 pour faire soit-disant 500 mètres c'est un peu long, ok on a tous les jambes plus ou moins griffées, ok on y a laissé un peu d'énergie mais maintenant, on va y faire gaffe au marquage !

Après à peine dix minutes, effectivement, on en rigolait déjà de cette boulette et on a décidé de valider notre variante et de la nommer : la variante Genevoise. Une heure et demi à batailler dans le maquis Corse, ça vous forge le caractère et vous saurez tout de suite si vous êtes apte pour la suite du parcours ou non.
Et puis, comme le disait un certain coureur Catalan :  "More kilometers, more fun !"


En rouge notre tracé, en pointillé jaune , celui qu'il fallait suivre !

Ouille ?!
Bon, trêve de plaisanterie ... une barre de céréales, un petit coup de flotte, une photo de la baie de Calvi ...


... et c'est reparti, y'a encore pas mal de boulot aujourd'hui !

Dans la joie et la bonne humeur ... et sur le bon chemin :)

On continue donc gaiement notre grosse montée du jour. Après avoir traversé les bois et avoir pris quelque peu d'altitude, le paysage se fait un peu plus minéral. On décide d'accélérer un peu le tempo histoire de refaire le retard pris.

Sandro à l'attaque
Nicolas facile.

























Ça rigole encore pas mal et on commence à attaquer des petites parties d'escalade sympa. Maintenant c'est sûr, on navigue dans la caillasse.



Le rythme s'accélère encore un peu et nous arrivons au terme de notre première étape, c'est à dire au Refuge d'Ortu Di U Piobbu, en mode guerrier : on en veut, on est fort, le paysage est magnifique et on a peur de rien. Reste deux étapes à s'envoyer, c'est du tout cuit :)

- Sandro, tu n'as rien oublié au Refuge ce matin ?
- Aaaaahhhhh merde !!                                            

Enfin, c'est du tout cuit ... pas pour tout le monde car il manque déjà Julien et Nicolas à l'appel. Julien a du mal à tenir le rythme et Nicolas lui, essaie de le motiver du mieux qu'il peut. Je décide de changer de place avec Nicolas et de donner l'allure à Julien, qui, je pense, va avoir du mal à terminer sa journée.
Bref, petit stop rapidos au Refuge ... rapidos parce que l'inhospitalier Corse est loin d'être une légende, mais je vous en reparle plus tard, et aussi parce qu'on court toujours après le temps depuis le détour du matin.

On poursuit donc notre ascension pour s'apercevoir que la météo risque de ne pas être de notre coté pour la suite de la journée. Ça sent l'organisation bâclée tout ça, il est où notre G.O, qu'on se plaigne un peu ?
En parlant de G.O, tout d'un coup, un cri déchire la forêt !
Je les écris ou je les écris pas ces insultes ? En tout cas le verbiage est directement inspiré de certains footballeurs, et pour l'occasion, je pencherai pour un certain Ribéry.
Bref, Sandro vient poliment de nous faire comprendre qu'il s'est pris une belle gamelle et que la douleur engendrée est loin, mais alors très très loin, de le ravir.
Ça braille fort, mais notre G.O tient toujours debout ... on continue donc notre grosse montée, le sommet n'est pas loin, on commence à apercevoir les crêtes ... et les nuages qui s'amoncellent, ça sent pas bon cette histoire. On accélère donc de nouveau la cadence pour éviter un maximum de se prendre un orage sur le coin de la figure au sommet, pour une première journée, ce ne serait pas bien rigolo.


In the noze !

Le temps se fait de plus en plus menaçant, et nous avons désormais la certitude qu'on va se le prendre cet orage ... grrrrr :(


On arrive quand même au sommet au sec : petit ravitaillement (je commence à avoir faim), on attend Julien qui est de nouveau dans le (très) dur et Nicolas le serre-file. On a tout juste le temps de faire un état des lieux et d'enfiler la Gore-Tex que cette fois-ci c'est la bonne, voici la pluie pour nous rafraîchir les idées.

Sandro, moi-même et Daniel

Bon, le topo est simple : primo ne pas trop traîner sur les crêtes avec la pluie. Déjà que ça glisse et c'est dangereux, mais en plus si ça vire à l'orage, on aura tout gagné.
Deuxio, on essaie de s'organiser parce que le groupe avance en ordre dispersé : décision prise que chacun fasse la descente à son rythme sans prendre de risques, on se retrouve en bas au refuge qui marque la fin de la deuxième étape.

La caravane passe...

Il y a en a toujours un pour faire le rigolo ...

... comme Daniel ...

... ou le gars appliqué comme Sandro.

Bref, je sens le coup de "moins-bien" venir parce que je n'ai pas mangé grand chose depuis ce matin. Ce n'est pas les deux barres de céréales et le bout de pâtes de fruits qui vont me tenir au ventre. Comme je suis celui qui descend le plus vite du groupe, je prends la poudre d'escampette ayant dans l'idée d'avoir le temps de manger un plat de spaghetti, ou mieux une pizza mais là je sens que je fantasme déjà, histoire de refaire les niveaux.
Les nuages restant coincés sur les crêtes, la pluie s'estompe petit à petit et au fur et à mesure de la descente, le chemin se fait de plus en plus sec, ce qui n'est pas pour me déplaire : gaz !!! j'ai trop la dalle !!!!

Et là, dans un élan d'optimisme, la boulette :
Je trébuche sur une simple pierre. Alors que d'habitude, j'aurai retrouvé de suite mes appuis, là, avec l'élan, la vitesse et surtout le poids de mon sac à dos, je me sens propulsé vers l'avant ... irrémédiablement.
J'essaie d'amortir la chute, mais c'est peine perdue.
Ma rotule gauche heurte violemment le coin d'une pierre, mon coude gauche en fait de même et au moment de m'étaler de tout mon long au sol, mon menton s'éclate aussi sur un caillou mal rangé.
Je me sens un peu sonné.
La mâchoire, bien que douloureuse n'a pas l'air touchée vue que j'arrive encore à prononcer tout un tas de conneries.
Le coude est très sensible, mais ça devrait faire l'affaire. Par contre le genou est hyper douloureux ... je ne peux à peine effleurer ma rotule et sur le moment j'ai un peu peur d'avoir compromis la suite de mon aventure par cette chute.
Mais bon, mon ventre reprend la parole, ça devient de plus en plus critique et comme le refuge n'est désormais plus très loin, je file d'un pas prudent jusqu'au ravitaillement.

Vous êtes bien en Corse.

Arrivé au refuge Carrozzu (fin de la deuxième étape), je m'aperçois que le choix de la victuaille n'est pas énorme. Encore tout perturbé par ma chute, au lieu de choisir une assiette de charcuterie, ou un autre truc digeste, je décide plutôt de commander une omelette (avec des feuilles de menthe) et un Corsica Cola.

On ne parle pas la bouche pleine !

Le reste de la troupe arrive en ordre dispersé et dans des états de forme diverses:
Daniel, Sandro et Nicolas ont l'air encore assez bien.
Julien est cuit, mort, dead, cramé.
Pour ma part, je sens que j'ai bien pioché et que le fait d'avoir peu mangé ne m'a pas rendu service. Ma chute a laissé des traces et il va me falloir chercher quelques ressources pour finir cette journée ... ça ne va pas être facile, il y a encore une étape à s'envoyer.

Julien pour sa part préfère arrêter les frais ici. Il est désolé de nous ralentir et ne se sens pas de terminer la journée.
Après discussion, nous décidons qu'il n'est pas possible de le laisser là. On trouvera une solution de rechange pour lui ce soir, mais on doit terminer la journée ensemble, un point c'est tout.
Donc nous le motivons, l'encourageons et l'enjoignons à s'arracher pour terminer coûte que coûte cette dernière étape. De plus, Daniel et Sandro se proposent de porter son sac jusqu'à l'arrivée :
Daniel pour la montée, Sandro pour la descente ... je suis estomaqué ! Ça va être déjà dur pour moi de terminer, mais je ne me vois pas du tout me faire la suite du chemin avec pas loin de 10 kilos supplémentaire sur le dos. Je suis à ce moment là en admiration complète pour Daniel et Sandro, ainsi que pour Julien qui a retrouvé un peu de moral et part d'un pas vif ... on ne lâche rien, on va jusqu'au bout !

Les warriors quoi !!!

Bref, on repart pour le dernier tronçon, Daniel affublé de deux sacs à dos et Julien revigoré par tant de légèreté, direction la fameuse passerelle de la Spasimata, rendue célèbre par le film "Les Randonneurs".

Nicolas, Daniel et Julien

Sandro, je peux le faire les yeux fermés ... ah ah ah

Chaque pas est une planche, chaque planche est un pas.

Et on attaque directement la dernière montée du jour, 800 mètres de dénivelé à s'envoyer ... c'est parti mon kiki.
Oui, je dis c'est parti mon kiki, mais sauf pour mon kiki à moi ... car apparemment mes jambes sont restées au refuge, pas possible, je n'avance rien :(
Je vois filer mes camarades, même Julien, alors que je pédale grave dans la semoule.

Bon, je fais un état des lieux et c'est encore mon estomac qui est en pleine revendication. Bon quoi, tu es plein maintenant, ça devrait aller, alors c'est quoi le problème ?
Le problème ... c'est l'omelette qui refuse de descendre d'un étage, et je sens que plus je monte la pente, plus l'omelette a tendance à suivre le même chemin, alors qu'elle devrait descendre, selon la loi de Newton (si je ne m'abuse hein)
Bref, chaque mètre d'ascension gagné me rapproche un peu plus de l'inéluctable issue :
Arrêtés dans la pente, mes amis me regardent, médusés, comment confectionner une omelette toute neuve par le seul fait de ma bouche ...alléluia !

Beurp ...

Bon voilà, ça c'est fait, on va pouvoir passer à autre chose ?
Je crois que je n'ai jamais autant vomi depuis que je me suis mis au trail ...

Bref, on continue notre grimpette : ça chauffe, ça transpire, ça couine et ça jure ... quoi, encore ?
Bah oui, "Sandro la gamelle" nous sort cette fois-ci le répertoire de Nasri, c'est haut en couleur ... sûrement aussi coloré que les bleus qu'il aura ce soir ... dure vie que celle du traileur-râleur ;-)

De nouveau, comme nous approchons du sommet, nous nous rapprochons aussi des nuages, de l'orage et de la pluie.
Mais cette fois-ci la menace est bien plus proche et nous hésitons plusieurs fois à continuer notre route.


On cherche un abris provisoire, une solution de rechange au cas-où ça se gâte vraiment trop et que le ciel nous tombe sur la tête.
Quelques biquettes nous regardent passer par là, visiblement intriguées par des touristes dans ce lieu ci, à cette heure là et sous ce temps là (genre, c'est quoi ces fous?)



Bref, ça gronde un peu au dessus de nos têtes, on ramasse de nouveau quelques gouttes de pluie mais nous sommes gratifiés d'une vue magnifique sur la mer et d'un contraste saisissant avec le beau temps qu'il doit faire à la plage.



Daniel s'avale toute la montée sans broncher avec ses deux sacs sur le dos, et c'est tout juste s'il ne va pas nous attendre au sommet. Terminator est avec nous ! Je suis impressionné, vraiment, parce qu'en plus il a même le temps de faire des photos ... trop fort !


On the top.



On est au sommet.
Pour ma part, je sens que je commence à sentir mes limites. La pluie , le froid, le peu de ravitaillement, la distance et la durée de cette journée font poindre en moi une certaine fatigue générale, surtout que l'excitation du départ s'est envolée.
Bref, ça devient dur et je ne suis pas mécontent de voir en bas de la descente l'hôtel qui nous attend.
Le sac à dos de Julien change de Sherpa et passe sur les épaules de Sandro. Il aurait été presque plus logique de me le refiler puisque je suis le plus à l'aise de tous dans les descentes, mais et d'une, je ne me sens pas la force de rajouter 10 kilos sur mes épaules déjà passablement meurtries par mon propre sac que je ne supporte déjà plus. Et de deux, on me confie plutôt la mission de descendre rapidement avec Nicolas pour confirmer notre réservation à l'hôtel et de supplier de ne pas débarrasser le buffet sans qu'on soit venu nettoyer tous les plats.
Eh oui, il commence à se faire tard.

Donc Sandro, Julien et Daniel terminent tranquillement tandis que Nicolas et moi-même filons droit sur l'hôtel. Enfin, filons, c'est de nouveau un bien grand mot puisque la caillasse est détrempée par l'orage et que la descente est des plus périlleuse quand même.
Le chemin est technique, cassant, glissant ... bref, tous les ingrédients réunis pour une bonne gamelle, voir même un accident. On se la joue donc profil bas et assurons nos pas un maximum.


Après plusieurs "oupssss !" et même quelques "oh putainnnnnnnn !", signe que nous sommes toujours entiers, nous arrivons enfin à Asco, terminus de la journée à 19h00 au bout de 13 heures d'effort.

Le seul mot qui me vient à l'instant c'est : YENPEUPLOU !!!

Cuit le gars.
Nous sommes accueilli "à la Corse" à l'hôtel, c'est à dire de manière un peu rude puis, après quelques échanges, de façon plus chaleureuse.

Rhhhhhaaaaa, un lit confortable, une douche bien chaude ... quel bonheur, quel pied :)
Lavage de slip, chaussettes et t-shirt ... pouah, ça pue la mort tout ça !
Au départ, je trouvais qu'on se la jouait un peu bobo à faire nos stop du soir dans des hôtels. Après coup, je me dit que le confort trouvé était une vraie bonne idée.

A table, on se fait un peu le bilan de la journée et une conclusion s'impose à nous : on va en chier bien plus que prévu.

Julien ne pourra pas terminer ce GR20 en entier, c'est une certitude, mais il a envie de se donner et projette quand même peut-être de se faire la journée de demain ... quel courage O_O

Sandro, Nicolas et Daniel ont l'air plutôt pas mal et assez confiant pour la suite.

Pour ma part, bien qu'entamé physiquement, je pense qu'avec un peu de repos et une recharge glucidique conséquente, ça devrait le faire. Je suis juste un peu en soucis pour mon genou gauche, à voir demain matin au réveil ... la nuit va être courte.
C'est avec toute les peines du monde que je rejoins ma chambre où il me faut escalader mon lit pour sombrer dans un coma incroyable ... ce fut rude et usant aujourd'hui, mais demain est une autre journée ;-)

Historique :
     L'idée, le délire de ce GR20.
     Préparation et matériel.
     Première journée : Calenzana - Asco.
     Deuxième jourmée : Asco - Castel Vergio.
     Troisième journée : Castel Vergio - Vizzanova.
     Quatrième journée : Vizzanova - Usciolu.
     Cinquième journée : Usciolu - Conca !

5 commentaires:

  1. Récit canon! Comme d'hab'. Ca donne bien envie. En tout cas, chapeau pour le défi! tu es bien digne du RG's Camp. Ton Guide Suprême, Gou.

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    1. Je savais que le ticket d'entrée était cher au RG's Camp et j'espère que ces 200 km et 12'500 de D+ suffiront à valider mon dossier.
      Merci pour les compliments en tout cas cher Gou ;-) Vive le run !!

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  2. de la balle!!! le CR et les magnifiques photos, ça donne vraiment envie :-)
    "oh putainnnnn" lol
    Michèle

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    1. Merci Michèle :) et je peux te dire que ça donne déjà envie d'y retourner ;-)

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  3. Salut, je ne sais pas si ce site est toujours d'actualité mais j'essaie quand même.. Nous partons sur le GR20 avec un pote d'ici la fin du mois d'aout. J'aurais aimé avoir les adresses d'où vous avez dormi... On va tenter de faire plus ou moins le même trajet que vous et de favoriser les gites / hôtel pour éviter de transporter tout le matériel. SI tu vois ce message, merci de me répondre au plus vite car je suis entrain de faire les réservation et un peu d'expérience serait un plus dans cette masse d'information qu'on trouve sur le net. Avec mes salutations sportives. David

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